mercredi 3 mars 2010

Challenge J.C.Oates, Blonde.



Quatrième de couverture

Il y a l’icône. Et il y a la femme, l’habitante esseulée du 12305, Fifth Elena Drive. Pour Norma Jean, par fascination pour la fille derrière l’actrice Monroe, Joyce Carol Oates a écrit un pavé de mille pages. Lourd, puissant et guerrier. Peu importe finalement que ça ressemble ou non à la «vraie vie». D’ailleurs, que peut-on en savoir, d’une vie, si on n’a pas approché le sujet ? La romancière américaine a le cerveau bien trop plein d’étincelles pour se soucier de tels détails. «70% du livre est imaginé» précise-t-elle dans tous les journaux de la planète. Si elle n’a interviewé personne, l’affabulatrice a choisi son camp. Une fois de plus, dans son trente-neuvième ouvrage, elle écrit contre ceux qui instrumentalisent les femmes. A la lire, on croit volontiers à la thèse de la beauté devenue jouet des hommes, de l’actrice née, bousillée par l’ultra-libéralisme des studios anthropophages, dévoreurs de jeunesse et avaleurs de corps. Ce qui détonne, c’est que Joyce Carol Oates écrit comme Marylin apparaît : c’est évident, hypnotique, ensorcelant. Sa forme textuelle, c’est la rage. Tout est vraisemblable et mensonger, comme une intense séance de voyance, un travail de sorcière buveuse de faux souvenirs, une analyse post-mortem. C’est Flaubert à Los Angeles, les néons remplacent la Normandie. Mais la lumière crue des réverbères montre que les âmes américaines sont un peu sales et pas seulement au temps du maccarthysme. Il fallait une féministe de 62 ans pour le crier si fort.



Ma lecture.

Quel livre.
Encore une fois, je me suis sentie totalement happée par cet ouvrage de J.C.Oates.
Je n'avais quasiment rien lu sur MM et ne connaissais pas vraiment sa vie, ou si, les grandes scènes "Happy birthday Mister Président", quelques films et quelques clichés mondialement célèbres.

L'angle choisi par Oates est celui du roman. Des grandes lignes vraies que chacun reconnaitra comme faisant partie de l'histoire populaire de Marylin, et de longues pauses d'introspection pour mieux comprendre l'actrice.
Oates choisit le récit d'une vie pour fil conducteur la folie : la mère déséquilibrée qui l'a élevée en partie, l'instabilité d'un orphelinat, et la propre folie de Marylin qui s'installe progressivement dans le récit jusqu'à ce que nous-mêmes lecteurs, ne sachions plus déceler le vécu de l'imaginaire.

Au fil des pages, l'angoisse monte, la lecture devient oppressante, tout comme Marylin vit ses dernières années. 
Une petite fille dans un sublime corps de femme : des relations homme/femme ravageuses, destructrices et auto-destructrices. Un besoin d'amour déchirant. Une intelligence masquée derrière une perruque démesurément blonde et un corps excessivement sexué.

Cet ouvrage, très volumineux se dévore. Avec précaution car, comme avec tous les ouvrages de Oates que je lis, je n'en ressors pas indemne.
Il parle à une part de ma féminité sensible, fragile.
Si je devais me prescrire Oates (que j'adore vraiment) ce serait seulement en cas de moral élevé, au risque de totalement se faire dévorer par le destin tragique qui guette chacun de ses héroïnes...

J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Oates, chez George.