Après une nuit peuplée de cauchemars, j'étais à l'heure au rendez-vous, à 7h45 dans un hall rempli de femmes en tailleur et d'hommes en costume qui parlaient un langage qui m'était inconnu: de P.L.U, de P.L.O.S, de budget primitif, de S.I.V.O.M et autre barbarisme.
Les écouter me permettait de penser à autre chose qu'à cette pu*** de porte ouverte pour cause de déménagement dans le hall dans lequel nous étions censés attendre.
9h, 10h. Je prends mes jambes à mon cou?
Le positif: plus le temps passe, moins j'ai peur.
Le négatif: plus le temps passe, plus j'ai envie de ne même pas tenter le truc.
10h10, on m'appelle! Ouf. Mon jury d'anglais semble sympa. 15 minutes pour préparer ma version et oral de 15 minutes avec lecture, traduction, puis entretien (en anglais - of course).
Je m'assieds et préviens que je vais massacrer accents, ponctuations et que ça me rend malade en tant que prof de français. On me rassure. Je me lance sans surprendre un regard désespéré, ça me grise, je me lance dans ma traduction qui semble plutôt réussie.S'en suit une discussion sur l'utilisation de la voiture/ du vélo en ville, mon boulot. Un agréable moment qui m'a un peu dynamisée pour la suite.
Me revoilà dans le hall glacé. Je brise la glace avec quelques candidates/concurrentes. J'aurais pas du, cela me renvoie à mon niveau zéro de connaissances et au fait que j'ai vraiment l'air de débarquer de nulle part. D'ailleurs je suis la seule à ouvrir mon roman au lieu de relire mes notes / de regarder les autres concurrents d'un air suspicieux / de guetter avidement mon nom sur les lèvres des surveillants qui crient pour nous appeler (le déménagement fait du bruit).
Allez 11h30, c'est mon tour. Le jury semble gentil mais je ne le sens pas très ouvert à la blague.
J'expose mon parcours. En combien de minutes? A peine 10 semble-t-il. Cela me semble beaucoup moins clair et cohérent que sur ma feuille. Pas grave, ils m'écoutent, ils n'ont pas le choix.
Viennent les questions et là je me rends compte que j'oublie totalement les stratégies d'un jury (même si, honte à moi, c'est mon job) : les questions faussement naïves, la provoc' et je prends tout au premier degré.
Ce qui m'a sauvé c'est que j'ai l'habitude de la provocation et je ne me démonte pas. Je crois avoir affirmé au passage deux ou trois conneries, enfin qu'ils ont du juger être des conneries (du genre les chiffres, on les fait parler comme on veut, regardez les sondages). Mais j'assume.
Ce que j'ai moins assumé, c'est le fait d'avoir des connaissances très superficielles et donc d'avoir eu une trouille bleue qu'ils cherchent à approfondir. Alors j'ai préféré ne rien répondre : budget des communes, urbanisme, réforme des collectivités territoriales...
Et l'entretien s'est terminé sur ce grand vide des connaissances. 7 heures pour rentrer chez moi.
C'est décidé, j'arrête de brûler des cierges pour des causes perdues d'avance!