lundi 30 mai 2011

Le soir où nous avons découvert l'haptonomie

Pour la naissance du Pouic j'avais décidé de ne pas accoucher à l'hôpital: un espace trop grand, des soignants qui ne sont jamais les mêmes, des rendez-vous pris des mois à l'avance, trois échographies seulement.
Un contexte qui n'allait pas pouvoir calmer mes crises d'hypocondrie et de panique à la vue d'une blouse blanche (le tensiomètre pouvant passer de 12 à 21 en trois secondes).

J'ai eu donc la chance de voir 9 fois mon bébé, 9 échographies, des heures de discussion avec mon obstétricien;
J'ai bénéficié de cours de préparation à l'accouchement en piscine, ultra privée, ultra chauffée, celle de la clinique. 5 mamans à se regarder gonfler et à jouer à la baleine, tout ça remboursé, au lieu de regarder des dvd d’accouchements.

A 3 semaines du terme j'ai découvert que le bébé ne POUVAIT pas descendre (donc césarienne programmée) et que je n'avais pas perdu mon temps à jouer à imiter le phoque plutôt qu'à apprendre à souffler, pousser, respirer et transpirer.
C'est tout autre chose qui m'attendait... Un cachet zénifiant et mon "accouchement" s'est déroulé vite et sans douleurs. Dans la tête c'est autre chose... la peur de se voir mourir (6 de tension), la sensation d'avoir brisé le repos de mon fils en le réveillant de manière traumatisante pour les 12 mois qui suivirent, la cicatrice encore aujourd'hui immense, dérapante, non dissimulée par les poils, une peau qui cicatrise mal.

Bien sur je n'ai pas connu les contractions mais TOUT savoir de l'issue tant espérée et redoutée n'est pas du tout apaisant comme on pourrait l'imaginer.

Pour cette seconde grossesse, j'avais donc décidé de briser le mécanisme de la peur en consultant une psy, persuadée qu'il n'y aurait toujours pas d'haptonomie proposée dans ma petite ville.
Erreur! une psychologue spécialisée en haptonomie exerce à 500 mètres de la maison!

Il me fallait convaincre alors l'Epoux de m’accompagner car il n'y a pas d'haptonomie sans accompagnant. Il devait donc être là, et pleinement consentant sinon cela foutait mon projet à l'eau.
Infirmier, son rapport au corps, à la psychothérapie est volontiers ouvert et consentant mais, grand timide, je craignais que son rôle en tant qu'acteur principal (avec bébé) le tétanise un peu. Pourtant, il a d'emblée accepté, sachant à quel point cela pouvait m'aider à m'approprier mon corps grossissant, cela pouvait nous permettre d'avoir un projet commun autour de ce nouveau bébé, un projet dont le Pouic ne serait pas/plus le protagoniste principal. Enfin, ce serait découvrir cette pratique dont on m'a dit le plus grand bien (merci encore Mme Boubou).


Nous avions rendez-vous ce soir et après quelques questions d'usage (date prévue d'accouchement, frère/soeur, conditions et ressentis de la première naissance, allaitement...), me voici la robe retroussée, prête à offrir mon bidon/ mon bébé à leurs mains.
Mouvements de balanciers des hanches qui ont fait gonfler mon ventre, déplacements de bassin, points de pression des paumes sur l'utérus: bébé se déplace sous les mains de son Papa et je le ressens, fort et différemment. La sensation qu'il est là je l'ai depuis quelques jours. Mais mes sensations ne sont plus les mêmes quand c'est son Papa qui "l'appelle".

Au-delà de ces tentatives de communications, cette première séance d'haptonomie a été une ré-appropriation de mes courbes pour L'Epoux: toucher, trouver les limites, agir, apaiser, faire du bien à ce corps qui abrite un nouveau  bébé qui pousse. Un corps que j'ai moi-même bien du mal à voir grossir et s'arrondir très vite et très visiblement déjà.
Ce second bébé nous fait déjà grandir, individuellement et au sein de notre couple.

Nous sommes rentrés enchantés:
Enchantés de vivre doublement un projet commun.
Enchantés de parvenir à oublier ce thérapeute accompagnant, nous qui avons tant de mal avec le rapport au corps, au nôtre, au lâcher-prise dans le toucher.

Rendez-vous pris pour la fin du mois prochain.
Demain, pour moi, un autre moment important m'attend : celui où je découvrirai, s'il se laisse découvrir, le petit bébé garçon ou bébé fille que je chéris déjà si fort...



(horoscope prémonitoire du mois de janvier)