mercredi 10 novembre 2010

Le syndrome du délégué

ou "Le jour où tu pleures parce que tu voulais tant être aimée"


J'ai toujours été élue déléguée de classe. Du plus loin que je m'en souvienne. Le  plus étonnant c'est que du plus loin que je me souvienne, je n'ai pas toujours demandé à être élue déléguée.
Et pourtant... je ne suis pas ce qu'on peut appeler une grande gueule.

Le syndicalisme je n'y connaissais rien, je peux même dire que j'ai été élevée à l'opposé de la vie syndicale (si tu vois ce que je veux dire) jusqu'à ce qu'une collègue que j'apprécie énormément prenne sa retraite et me passe le relais.
J'ai accepté parce que c'est ma copine car pour moi une secrétaire était celle qui rédigeait les compte-rendus, sauf qu'une Secrétaire Générale n'est pas celle qui prend des notes en général mais celle qui a des responsabilités et prend des décisions.

J'ai endossé ce rôle plus discrètement que vaillamment d'ailleurs pendant des années.

Il y a quatre ans, portée par les événements, j'avais bravé un audit de l'IGAS (Inspecteur Général des Affaires Sociales) exposant oralement un argumentaire construit et force est de constater, convaincant.
Mais aujourd'hui, me voici encore en ligne de mire.

Sauf que moi qui me noie dans un verre d'eau depuis que je suis maman, je te rappelle qu'en ce moment, c'est un océan que l'on doit traverser au boulot.


(Surtout qu'on peut ajouter qu'il y a cumul de mandats car je suis aussi déléguée des parents d'élèves de la crèche et j'ai, là-bas également, quelques réunions à préparer).

Alors je m'interroge. Il est vrai que longtemps ces "votes" m'ont permis de me sentir aimée. Mais aujourd'hui finalement, ce qui motive mes candidatures (ou mêmes nominations sans candidature), c'est plutôt l'absence d'implication des autres.

Je ne comprends pas qu'aucun parent ne se sente suffisamment concerné pour poser sa candidature afin d'assister aux animations prévues, proposer des idées, des aménagements utiles pour nos petits, qu'aucun parent n'ait envie que l'espace réservé à nos enfants soit plus sain, plus joli, plus attrayant.

Et au boulot, même incompréhension: comment peut-on laisser faire les autres, au mieux, en évitant de les critiquer ou leur tirer dans les pattes alors que le but ultime est la sauvegarde de notre lieu de travail, l'insertion de centaines de jeunes touchés dans leur île à plus de 60% par le chômage?

Je rougis voire bégaie si je dois prendre la parole, me sens inculte sur des dossiers techniques et administratifs parce que je suis une prof de littérature.
Mais portée par le désir de combattre une forme d'injustice, je me trouve propulsée, encore une fois au premier plan.
Je mûris et découvre ainsi que je ne suis pas animée par les mêmes forces qu'autrefois, ce qui me prouve que j'ai grandi.

J'accepte la mission en tentant de ne pas redouter les critiques, les coups bas, les égoïsmes individuels qui nuisent à l'intérêt collectif.
Mais quelle énergie cela requiert, et comme je me sens fragilisée...

Et vous, le syndrome du délégué? Atteintes ou pas?